Les goupilles et clavettes sont des éléments de fixation essentiels dans de nombreuses applications mécaniques. Le choix du matériau pour ces composants est déterminant pour leurs performances et leur durabilité. Les goupilles et clavettes peuvent être fabriquées à partir d'une variété de matériaux, chacun présentant des propriétés spécifiques adaptées à différents environnements et contraintes. Les aciers, les alliages de cuivre et certains plastiques techniques sont couramment utilisés. La sélection du matériau dépend de facteurs tels que les charges mécaniques, la résistance à la corrosion, les températures de fonctionnement et les coûts. Cet article examine les principaux matériaux employés pour la fabrication de goupilles et clavettes, ainsi que leurs caractéristiques et applications.
Aciers utilisés pour les goupilles et clavettes
Les aciers constituent une famille de matériaux très largement utilisée pour la fabrication de goupilles et clavettes. Leur polyvalence et leurs excellentes propriétés mécaniques en font un choix privilégié dans de nombreuses applications industrielles. Les aciers offrent un bon compromis entre résistance, ductilité et coût, ce qui explique leur popularité. Différentes nuances d'acier sont employées selon les exigences spécifiques de chaque utilisation.
Acier au carbone pour applications générales
L'acier au carbone est le matériau le plus couramment utilisé pour les goupilles et clavettes standard destinées à des applications générales. Sa teneur en carbone, généralement comprise entre 0,2% et 0,5%, lui confère un bon équilibre entre résistance mécanique et ductilité. Les nuances comme le C45 ou le C60 sont fréquemment employées. L'acier au carbone présente l'avantage d'être peu coûteux et facilement usinable. Il offre une dureté suffisante pour résister à l'usure dans la plupart des cas. Sa résistance à la traction peut atteindre 600-800 MPa après traitement thermique. L'acier au carbone convient particulièrement bien aux applications nécessitant une bonne tenue mécanique sans exigences particulières en termes de résistance à la corrosion. Il est utilisé par exemple pour des goupilles et clavettes dans des assemblages mécaniques classiques, des machines-outils ou des équipements industriels. Cependant, sa résistance à la corrosion limitée peut nécessiter l'application d'un revêtement protecteur dans certains environnements.
Acier inoxydable résistant à la corrosion
L'acier inoxydable est largement employé pour la fabrication de goupilles et clavettes destinées à des environnements corrosifs ou nécessitant une grande propreté. Sa teneur élevée en chrome, généralement supérieure à 10,5%, lui confère une excellente résistance à la corrosion grâce à la formation d'une couche protectrice d'oxyde de chrome en surface. Les nuances austénitiques comme le 304 ou le 316 sont particulièrement appréciées pour leur résistance à la corrosion supérieure. L'acier inoxydable offre également une bonne tenue mécanique, avec une résistance à la traction pouvant dépasser 500 MPa. Il conserve ses propriétés sur une large plage de températures, ce qui le rend adapté aux applications cryogéniques ou à haute température. L'acier inoxydable est couramment utilisé pour des goupilles et clavettes dans l'industrie agroalimentaire, chimique, pharmaceutique ou marine. Sa biocompatibilité le rend également intéressant pour des applications médicales. Bien que plus onéreux que l'acier au carbone, l'acier inoxydable permet de réduire les coûts de maintenance et d'augmenter la durée de vie des assemblages dans les environnements agressifs.
Acier allié aux propriétés mécaniques supérieures
Les aciers alliés sont utilisés pour la fabrication de goupilles et clavettes soumises à des contraintes mécaniques élevées. L'ajout d'éléments d'alliage comme le chrome, le nickel, le molybdène ou le vanadium permet d'améliorer significativement les propriétés mécaniques par rapport aux aciers au carbone. Les nuances comme le 42CrMo4 ou le 34CrNiMo6 sont fréquemment employées. Ces aciers alliés offrent une résistance à la traction pouvant dépasser 1000 MPa après traitement thermique, tout en conservant une bonne ductilité. Leur limite d'élasticité élevée les rend particulièrement adaptés aux applications subissant des charges cycliques importantes. Les aciers alliés présentent également une meilleure tenue à l'usure et à la fatigue que les aciers au carbone standard. Ils sont couramment utilisés pour des goupilles et clavettes dans l'industrie automobile, aéronautique ou pour des équipements lourds. Leur coût plus élevé est généralement compensé par leur durée de vie accrue et leur capacité à supporter des charges plus importantes. Les aciers alliés peuvent également subir des traitements thermiques spécifiques pour optimiser leurs propriétés en fonction de l'application visée.
Alliages de cuivre pour goupilles et clavettes
Les alliages de cuivre constituent une alternative intéressante aux aciers pour la fabrication de goupilles et clavettes dans certaines applications spécifiques. Ces matériaux se distinguent par leur excellente résistance à la corrosion, leur bonne conductivité thermique et électrique, ainsi que leurs propriétés anti-étincelles. Les alliages de cuivre offrent également une bonne usinabilité, ce qui facilite la fabrication de pièces aux géométries complexes. Différents types d'alliages sont utilisés selon les propriétés recherchées.
Laiton offrant une bonne usinabilité
Le laiton, alliage de cuivre et de zinc, est fréquemment utilisé pour la fabrication de goupilles et clavettes nécessitant une bonne usinabilité. Sa teneur en zinc, généralement comprise entre 20% et 40%, lui confère des propriétés mécaniques et une résistance à la corrosion supérieures à celles du cuivre pur. Les laitons alpha-bêta comme le CuZn39Pb3 (CW614N) sont particulièrement appréciés pour leur excellente aptitude à l'usinage. Le laiton présente une résistance à la traction modérée, de l'ordre de 300-400 MPa, mais suffisante pour de nombreuses applications. Sa ductilité élevée facilite la mise en forme et l'assemblage des pièces. Le laiton offre également une bonne résistance à la corrosion dans de nombreux environnements, bien que inférieure à celle des aciers inoxydables. Il est couramment utilisé pour des goupilles et clavettes dans l'industrie du bâtiment, la plomberie ou l'horlogerie. Le laiton présente l'avantage d'être moins coûteux que les alliages de cuivre plus nobles comme les bronzes. Sa couleur dorée peut également être appréciée pour des raisons esthétiques dans certaines applications.
Bronze phosphoreux pour une meilleure résistance
Le bronze phosphoreux, alliage de cuivre et d'étain avec une faible teneur en phosphore, est utilisé pour la fabrication de goupilles et clavettes nécessitant une résistance mécanique et à l'usure supérieure à celle du laiton. Sa teneur en étain, généralement comprise entre 5% et 10%, lui confère une dureté et une résistance à la traction plus élevées. Le phosphore, ajouté en faible quantité (0,03% à 0,35%), agit comme désoxydant et améliore les propriétés mécaniques. Le bronze phosphoreux offre une résistance à la traction pouvant atteindre 500-600 MPa, associée à une bonne ductilité. Sa résistance à l'usure et au frottement est particulièrement appréciée pour des applications impliquant des mouvements relatifs entre les pièces. Le bronze phosphoreux présente également une excellente résistance à la corrosion, notamment en milieu marin. Il est couramment utilisé pour des goupilles et clavettes dans l'industrie navale, les équipements hydrauliques ou les machines agricoles. Bien que plus onéreux que le laiton, le bronze phosphoreux offre des performances supérieures en termes de durabilité et de résistance mécanique.
Voici la suite de l'article en respectant les consignes données :
Cuivre béryllium combinant résistance et conductivité
Le cuivre béryllium, également connu sous le nom de bronze au béryllium, est un alliage haute performance utilisé pour la fabrication de goupilles et clavettes nécessitant une combinaison exceptionnelle de propriétés mécaniques et électriques. Sa composition typique comprend 1,6% à 2% de béryllium, avec parfois de petites quantités de nickel ou de cobalt. Cet alliage offre une résistance mécanique comparable à celle de nombreux aciers, tout en conservant une conductivité électrique et thermique élevée. Le cuivre béryllium présente une résistance à la traction pouvant atteindre 1300-1400 MPa après traitement thermique, associée à une excellente résistance à la fatigue et au fluage. Sa conductivité électrique, environ 22% de celle du cuivre pur, le rend particulièrement adapté aux applications nécessitant à la fois une tenue mécanique élevée et de bonnes propriétés électriques.
Le cuivre béryllium est fréquemment employé pour des goupilles et clavettes dans l'industrie aérospatiale, l'électronique de puissance ou les équipements de forage pétrolier. Sa résistance à la corrosion et ses propriétés non magnétiques en font également un choix privilégié pour certaines applications marines ou médicales. Cependant, son coût élevé et les précautions nécessaires lors de son usinage en raison de la toxicité du béryllium limitent son utilisation aux applications où ses propriétés uniques sont réellement indispensables. Les différentes options sont présentées ci-après :
Alliage | Résistance à la traction (MPa) | Conductivité électrique (%IACS) |
---|---|---|
Cuivre pur | 220-340 | 100 |
Laiton CuZn39Pb3 | 300-400 | 26 |
Bronze phosphoreux | 500-600 | 15 |
Cuivre béryllium | 1300-1400 | 22 |
Matériaux plastiques adaptés aux goupilles et clavettes
Les matériaux plastiques constituent une alternative intéressante aux métaux pour la fabrication de goupilles et clavettes dans certaines applications spécifiques. Ces matériaux se distinguent par leur légèreté, leur résistance à la corrosion, leurs propriétés isolantes et leur capacité à absorber les vibrations. Les plastiques techniques offrent également une grande liberté de conception et peuvent être moulés directement aux formes souhaitées, réduisant ainsi les coûts de fabrication :
- Légèreté
- Résistance à la corrosion
- Propriétés isolantes électriques et thermiques
- Capacité d'amortissement des vibrations
- Faible coefficient de frottement
Différents types de polymères sont utilisés selon les propriétés recherchées et les contraintes de l'application. Le polyoxyméthylène (POM), également connu sous le nom d'acétal, est largement utilisé pour la fabrication de goupilles et clavettes en plastique. Ce thermoplastique semi-cristallin offre une excellente résistance mécanique, une bonne stabilité dimensionnelle et un faible coefficient de frottement. Le POM présente une résistance à la traction de l'ordre de 60-70 MPa et une rigidité élevée pour un plastique. Sa résistance à l'usure et sa capacité à maintenir ses propriétés sur une large plage de températures en font un choix privilégié pour des applications mécaniques. Le POM est couramment employé pour des goupilles et clavettes dans l'industrie automobile, l'électroménager ou les équipements de bureautique.
Le polyétheréthercétone (PEEK) est un thermoplastique haute performance utilisé pour des goupilles et clavettes soumises à des contraintes élevées ou des températures extrêmes. Ce polymère offre une résistance mécanique exceptionnelle, avec une résistance à la traction pouvant atteindre 100 MPa, associée à une excellente résistance chimique et thermique. Le PEEK conserve ses propriétés jusqu'à des températures de 250°C en continu, ce qui le rend adapté aux environnements agressifs. Sa biocompatibilité en fait également un matériau de choix pour des applications médicales. Le PEEK est fréquemment employé pour des goupilles et clavettes dans l'aérospatiale, l'industrie chimique ou les équipements offshore.
Le polyamide (PA), couramment appelé nylon, est un autre thermoplastique largement utilisé pour la fabrication de goupilles et clavettes. Les polyamides offrent un bon équilibre entre résistance mécanique, ténacité et résistance à l'usure. Leur résistance à la traction varie généralement entre 70 et 85 MPa, selon le type spécifique de polyamide. Les polyamides présentent également une bonne résistance aux produits chimiques et aux hydrocarbures. Leur capacité à absorber l'humidité peut être un avantage pour certaines applications, en améliorant les propriétés de frottement, mais nécessite une prise en compte lors de la conception. Les polyamides sont couramment employés pour des goupilles et clavettes dans l'industrie textile, l'automobile ou les équipements électroménagers.
Le polysulfone (PSU) est un thermoplastique amorphe transparent offrant une combinaison unique de propriétés pour des applications de goupilles et clavettes spécifiques. Le PSU présente une résistance mécanique élevée, avec une résistance à la traction de l'ordre de 70-75 MPa, associée à une excellente stabilité dimensionnelle et une bonne tenue aux températures élevées. Sa transparence permet un contrôle visuel facile des assemblages, tandis que sa résistance aux rayonnements ionisants le rend adapté aux applications médicales nécessitant une stérilisation. Le PSU conserve ses propriétés mécaniques jusqu'à des températures de 150°C en continu, ce qui en fait un choix intéressant pour des environnements thermiquement contraignants. Ce matériau est fréquemment utilisé pour des goupilles et clavettes dans l'industrie alimentaire, les équipements médicaux ou les applications nécessitant une résistance chimique élevée.
Considérations de conception pour le choix du matériau
La sélection du matériau approprié pour les goupilles et clavettes constitue une étape cruciale dans le processus de conception mécanique. Cette décision influence directement les performances, la durabilité et le coût global du système. Une approche méthodique, prenant en compte l'ensemble des contraintes et exigences de l'application, s'avère nécessaire pour optimiser le choix du matériau. Plusieurs facteurs doivent être considérés simultanément afin d'aboutir à la solution la plus adaptée.
Les charges mécaniques représentent souvent le premier critère de sélection du matériau pour les goupilles et clavettes. La résistance à la traction, la limite d'élasticité et la résistance au cisaillement du matériau doivent être suffisantes pour supporter les efforts statiques et dynamiques auxquels la pièce sera soumise. Le calcul des contraintes maximales, en tenant compte des facteurs de sécurité appropriés, permet de définir les propriétés mécaniques minimales requises. Pour les applications impliquant des charges cycliques, la résistance à la fatigue du matériau revêt une importance particulière. Les aciers alliés ou les alliages de cuivre haute résistance comme le cuivre béryllium sont souvent privilégiés pour les applications fortement sollicitées mécaniquement.
L'environnement de fonctionnement joue également un rôle déterminant dans le choix du matériau. La résistance à la corrosion devient primordiale dans les milieux agressifs, humides ou marins. Les aciers inoxydables, les alliages de cuivre ou certains plastiques techniques offrent une excellente protection contre la corrosion. Les températures de service doivent être prises en compte, car elles peuvent affecter significativement les propriétés mécaniques des matériaux. Les polymères haute performance comme le PEEK ou les aciers spéciaux sont adaptés aux environnements à haute température. La compatibilité chimique avec les fluides ou gaz en contact avec la pièce doit également être vérifiée pour éviter toute dégradation prématurée.
Les considérations de fabrication et d'assemblage influencent aussi le choix du matériau. L'usinabilité du matériau affecte directement les coûts de production, notamment pour les pièces complexes ou produites en grandes séries. Les laitons ou certains aciers de décolletage offrent une excellente usinabilité. La facilité de mise en forme, notamment pour les opérations de cintrage ou de matriçage, peut orienter le choix vers des matériaux plus ductiles. Les tolérances dimensionnelles requises et la stabilité dimensionnelle du matériau doivent être prises en compte, particulièrement pour les assemblages de précision. Les aciers traités thermiquement ou les polymères techniques comme le POM offrent une bonne stabilité dimensionnelle. Les points clés à retenir sont :
Critère de sélection | Matériaux recommandés | Commentaires |
---|---|---|
Résistance mécanique élevée | Aciers alliés, cuivre béryllium | Pour charges élevées et applications critiques |
Résistance à la corrosion | Aciers inoxydables, alliages de cuivre, polymères | Environnements agressifs ou humides |
Haute température | PEEK, aciers spéciaux | Jusqu'à 250°C en continu pour le PEEK |
Facilité d'usinage | Laitons, aciers de décolletage | Réduction des coûts de fabrication |
Les propriétés tribologiques du matériau revêtent une importance particulière pour les goupilles et clavettes soumises à des mouvements relatifs. Le coefficient de frottement et la résistance à l'usure influencent directement la durée de vie et les performances du système. Les bronzes, certains aciers traités thermiquement ou des polymères autolubrifiants comme le PTFE chargé offrent d'excellentes propriétés tribologiques. La compatibilité des matériaux en contact doit être évaluée pour éviter les phénomènes de grippage ou de corrosion galvanique. Dans certains cas, l'utilisation de revêtements ou de traitements de surface permet d'améliorer les propriétés tribologiques sans modifier le matériau de base.
Traitements de surface améliorant les performances
Les traitements de surface constituent une approche efficace pour améliorer les performances des goupilles et clavettes sans modifier le matériau de base. Ces procédés permettent de conférer à la surface des pièces des propriétés spécifiques, telles qu'une dureté accrue, une meilleure résistance à l'usure ou à la corrosion, tout en conservant les caractéristiques mécaniques du cœur du matériau. Les traitements de surface offrent ainsi la possibilité d'optimiser les performances des goupilles et clavettes pour des applications exigeantes, tout en maîtrisant les coûts de fabrication.
Cémentation augmentant la dureté superficielle
La cémentation est un traitement thermochimique largement utilisé pour augmenter la dureté superficielle des goupilles et clavettes en acier. Ce procédé consiste à enrichir la surface de la pièce en carbone à haute température, généralement entre 900°C et 950°C, puis à effectuer une trempe suivie d'un revenu. La diffusion du carbone dans la couche superficielle permet d'obtenir une zone périphérique à haute teneur en carbone, tandis que le cœur de la pièce conserve sa composition d'origine. La profondeur de cémentation varie généralement entre 0,5 et 2 mm, selon les exigences de l'application.
La cémentation permet d'atteindre des duretés superficielles très élevées, de l'ordre de 58-62 HRC (Rockwell C), tout en conservant un cœur plus ductile. Cette combinaison confère aux goupilles et clavettes une excellente résistance à l'usure et à la fatigue superficielle, tout en maintenant une bonne ténacité globale. La cémentation améliore également la résistance au grippage et permet de supporter des pressions de contact plus élevées. Ce traitement est particulièrement adapté aux aciers faiblement alliés, tels que le 16MnCr5 ou le 20MnCr5, couramment utilisés pour la fabrication de goupilles et clavettes fortement sollicitées.
La cémentation gazeuse, réalisée dans une atmosphère contrôlée riche en monoxyde de carbone et en hydrocarbures, offre une excellente maîtrise du processus et une bonne reproductibilité. La cémentation sous vide, technique plus récente, permet d'obtenir des résultats similaires avec une meilleure précision dimensionnelle et un moindre impact environnemental. La profondeur de cémentation et le profil de dureté doivent être soigneusement contrôlés pour optimiser les performances de la pièce. Une cémentation trop profonde peut fragiliser la pièce, tandis qu'une cémentation insuffisante ne fournira pas la protection recherchée contre l'usure.
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Nitruration pour une meilleure résistance à l'usure
La nitruration est un traitement thermochimique de durcissement superficiel largement utilisé pour améliorer la résistance à l'usure et à la fatigue des goupilles et clavettes en acier. Ce procédé consiste à diffuser de l'azote dans la couche superficielle du métal à une température relativement basse, généralement comprise entre 500°C et 550°C. Contrairement à la cémentation, la nitruration ne nécessite pas de trempe ultérieure, ce qui limite les déformations et permet d'obtenir une excellente précision dimensionnelle. La profondeur de nitruration varie généralement entre 0,1 et 0,6 mm, selon les paramètres du traitement et les exigences de l'application.
La nitruration permet d'atteindre des duretés superficielles très élevées, pouvant dépasser 1000 HV (dureté Vickers) pour certains aciers alliés. Cette dureté exceptionnelle confère aux goupilles et clavettes une résistance à l'usure abrasive et adhésive nettement supérieure à celle des aciers cémentés. La couche nitrurée présente également une excellente résistance à la fatigue de contact et au grippage. La nitruration améliore la résistance à la corrosion, notamment pour les aciers inoxydables martensitiques. Ce traitement est particulièrement adapté aux aciers faiblement alliés contenant des éléments nitrurugènes comme le chrome, le molybdène ou le vanadium. Les nuances 41CrAlMo7 ou 31CrMoV9 sont fréquemment utilisées pour la fabrication de goupilles et clavettes destinées à être nitrurées.
La nitruration gazeuse, réalisée dans une atmosphère d'ammoniac dissocié, offre une excellente maîtrise du processus et une bonne reproductibilité. La nitruration ionique, ou nitruration plasma, permet d'obtenir des résultats similaires avec des temps de traitement plus courts et un meilleur contrôle de la composition de la couche nitrurée. La profondeur de nitruration et le profil de dureté doivent être soigneusement optimisés en fonction des contraintes spécifiques de l'application. Une couche nitrurée trop épaisse peut entraîner une fragilisation de la surface, tandis qu'une nitruration insuffisante ne fournira pas la protection recherchée contre l'usure et la fatigue.
La nitruration présente l'avantage de pouvoir être appliquée sur des pièces finies, sans nécessiter de rectification ultérieure. Cette caractéristique permet de traiter des goupilles et clavettes aux géométries complexes ou présentant des tolérances serrées. La température relativement basse du traitement limite les déformations et les contraintes résiduelles, ce qui contribue à maintenir la stabilité dimensionnelle des pièces. La nitruration peut également être combinée à d'autres traitements, comme une trempe et revenu préalables du cœur, pour optimiser les propriétés mécaniques globales de la pièce. Cette approche est particulièrement intéressante pour les goupilles et clavettes soumises à des sollicitations élevées en flexion ou en torsion. Voici un tableau récapitulatif des données :
Traitement | Dureté superficielle | Profondeur typique | Température de traitement |
---|---|---|---|
Cémentation | 58-62 HRC | 0,5 - 2 mm | 900 - 950°C |
Nitruration | >1000 HV | 0,1 - 0,6 mm | 500 - 550°C |
Revêtements protecteurs contre la corrosion
Les revêtements protecteurs constituent une solution efficace pour améliorer la résistance à la corrosion des goupilles et clavettes, particulièrement lorsque l'utilisation de matériaux intrinsèquement résistants à la corrosion s'avère techniquement ou économiquement inappropriée. Ces revêtements forment une barrière physique entre le métal de base et l'environnement corrosif, prolongeant ainsi considérablement la durée de vie des pièces. Différents types de revêtements sont utilisés selon les exigences spécifiques de l'application, telles que la nature de l'environnement corrosif, les contraintes mécaniques ou les considérations esthétiques :
- Nature et agressivité de l'environnement corrosif
- Contraintes mécaniques et tribologiques
- Température de service
- Compatibilité électrochimique avec les matériaux en contact
- Exigences dimensionnelles et tolérances
- Considérations esthétiques
- Coût et durée de vie souhaitée
La galvanisation à chaud est un procédé largement utilisé pour protéger les goupilles et clavettes en acier contre la corrosion atmosphérique. Cette technique consiste à immerger les pièces dans un bain de zinc fondu à environ 450°C, formant ainsi une couche de zinc métallique solidement liée au substrat. L'épaisseur du revêtement de zinc varie généralement entre 50 et 150 µm, selon les conditions d'immersion et la composition de l'acier. La galvanisation offre une protection cathodique, le zinc se corrodant préférentiellement pour protéger l'acier sous-jacent. Cette caractéristique assure une protection durable, même en cas de dommages localisés du revêtement. La galvanisation à chaud convient particulièrement aux goupilles et clavettes de grandes dimensions utilisées dans des environnements extérieurs ou industriels modérément agressifs.
L'électrodéposition de zinc, ou zingage électrolytique, constitue une alternative à la galvanisation à chaud pour les pièces de plus petites dimensions ou nécessitant un meilleur contrôle dimensionnel. Ce procédé électrochimique permet de déposer une couche de zinc d'épaisseur contrôlée, généralement comprise entre 5 et 25 µm. Le zingage électrolytique offre une excellente adhérence et une bonne uniformité du revêtement, même sur des géométries complexes. Pour améliorer la résistance à la corrosion et l'aspect esthétique, le zingage est souvent suivi d'une passivation, formant une fine couche de chromates ou de composés trivalents. Les revêtements zinc-nickel électrodéposés, contenant 12 à 15% de nickel, offrent une résistance à la corrosion nettement supérieure à celle du zinc pur, tout en conservant une protection cathodique.
Les revêtements de nickel chimique constituent une option intéressante pour les applications nécessitant une résistance à la corrosion élevée associée à de bonnes propriétés tribologiques. Ce procédé autocatalytique permet de déposer une couche uniforme de nickel-phosphore sur des substrats métalliques, y compris des alliages non ferreux. L'épaisseur du revêtement varie généralement entre 5 et 50 µm, selon les exigences de l'application. Les dépôts de nickel chimique présentent une dureté élevée, de l'ordre de 500 à 600 HV, qui peut être encore augmentée par un traitement thermique ultérieur. Cette caractéristique confère aux goupilles et clavettes une excellente résistance à l'usure et au frottement, en plus de leur protection contre la corrosion. Les revêtements de nickel chimique sont particulièrement adaptés aux environnements chimiques agressifs ou aux applications nécessitant une bonne tenue à l'usure en milieu corrosif.
Les revêtements organiques, tels que les peintures époxy ou les revêtements fluoropolymères, offrent une alternative intéressante pour la protection contre la corrosion des goupilles et clavettes dans certaines applications spécifiques. Ces revêtements forment une barrière imperméable entre le métal et l'environnement corrosif, tout en apportant des propriétés supplémentaires comme une bonne résistance chimique ou un faible coefficient de frottement. Les revêtements époxy, appliqués par poudrage électrostatique ou en phase liquide, offrent une excellente adhérence et une bonne résistance aux chocs. Leur épaisseur varie généralement entre 60 et 120 µm. Les revêtements fluoropolymères, tels que le PTFE ou le PFA, présentent une résistance chimique exceptionnelle et des propriétés anti-adhésives intéressantes pour certaines applications. Ces revêtements organiques sont particulièrement adaptés aux environnements chimiques agressifs ou aux applications nécessitant une isolation électrique.